Partez à la découverte d'Arnaud Tagand. Ancien poloïste, il a du arrêter sa carrière prématurément à cause d'une maladie. Il nous parle de celle-ci, de l'"après", de sa reconversion au bord des bassins et de son sport.
Le waterpolo m'a inculqué des valeurs qui me sont primordiales dans la vie de tout les jours.
1. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m'appelle Arnaud Tagand, j'ai 24 ans. Je suis titulaire, d'un BTS MUC, d'un BPJEPS AAN et je prépare cette année un BPJEPS AF mention A et D. J'ai joué pendant 8 ans au water-polo dont ma dernière année en tant que joueur professionnel pour le club de Saint Jean d'Angely.
2. Pourquoi avez-vous choisi le water-polo ?
J'ai longtemps joué au tennis et un beau jour en classe de 6ème, alors qu'on allait à la piscine avec le collège, on m'a fait passer des tests que j'avais déjà passés en CM2. Et j'ai eu envie d'essayer cette fois-ci, et c’est donc en 5ème que j'ai commencé. Très vite j'ai arrêté le tennis pour ne faire que du water-polo (j'avais beaucoup de tendinites, et puis c'était un sport individuel et où je prenais des « torches »). Je savais à peine nager.
3. Qu'est-ce qui vous plait dans ce sport ?
La multitude d'aptitudes requises pour être un bon joueur de water-polo est incroyable. Il faut coupler technique, rapidité, endurance, force, prise de position etc. pour être un joueur correct dans ce sport sans parler d'apprendre à jouer avec l'arbitrage en étant intelligent.
4. Ce sport a modelé votre vie. Que retenez-vous de votre carrière dans les bassins ?
Il m’a inculqué des valeurs comme l'exigence, le dépassement de soi, la remise en question, le respect d'autrui, la rigueur, l’esprit de compétition, primordiales dans ma vie de tous les jours, et que je souhaite à chacun d'acquérir par diverses expériences qu’elles soient sportives ou non. Je n'ai pas fait les championnats d'Europe, ni les Mondiaux, ni les Jeux Olympiques, j'ai été appelé plusieurs fois dans le groupe avant les grandes échéances mais je n'ai jamais été retenu. Puis la maladie est arrivée, ça n'aurait rien changé, car il y avait d'autres joueurs à ma place.
5. Pratiquer le waterpolo est une affaire de famille, sportive comme la vôtre (fratrie poloistes, père rugbyman, mère athlète,...). Est-ce une pression supplémentaire ? C'est vrai que souvent les discussions tournent autour des matchs, des résultats, de l'entraînement... Ça peut même créer des situations d’énervement car on aime avoir le dernier mot dans la famille. C'est de la bonne pression. On veut rendre nos parents fiers, notre famille fière. Nous n'étions pas conscient de l'importance que la maladie allait avoir |
6. Votre parcours semblait bien parti dans le water-polo, capitaine à Taverny... mais une maladie vous frappe et vous arrêtez prématurément votre carrière. Etait-ce une décision difficile ?
En effet, au départ, nous n'étions pas conscient de l'importance que la maladie (Crohn) allait avoir et son impact sur ma santé. Déclaré bénin au départ, mon état de santé s'est vite aggravé. J’ai été contraint et forcé d'arrêter de m'entraîner car j'étais trop fatigué et j'avais perdu trop de poids pour tenir ma place au poste de "pointe". J'ai eu les premiers symptômes alors que j'étais en stage à Terassa avec l'équipe de France A et les A', pendant une semaine.
7. Cela a dû être un choc pour vous ?
Ça a été très compliqué de passer de 3h d'entraînement par jour à plus rien, plus de match. Je n'ai pas accepté le fait d'être malade au départ, et psychologiquement, c'est comme si j'avais une nouvelle vie vu le temps que je passais dans l'eau ou ma "seconde maison" comme on disait. Je voulais continuer de m'entraîner même atténué, mais s’il y a une chose que j'ai bien comprise est que si vous n'avez pas la santé, alors vous ne pouvez plus rien faire d'autre.
Aujourd'hui j'ai accompli des choses que je n'aurais jamais pu découvrir si j'avais continué à m'entraîner.
8. Vous dites "c'est comme une nouvelle vie", comment construit-on « l'après » ? C'est une organisation de vie à revoir ? Il est difficile pour un joueur français de ne vraiment vivre que du water-polo, sauf les exceptions (Bodegas, Crousillat, etc..) et la plupart des joueurs qui évoluent en Pro A ou qui sont des pièces maîtresse pour leur club. En général, on allie à cela un poste à mi-temps ou au moins de maître-nageur pour avoir un salaire plus conséquent. Néanmoins, il faut toujours penser à l'après, à la retraite sportive, et se construire à côté un avenir professionnel stable et durable, soit dans un autre domaine, soit en devenant entraîneur en passant des brevets fédéraux ou autres diplômes. Ça a été très compliqué mais j'ai réussi à l'accepter, et aujourd'hui j'ai accompli des choses que je n'aurais jamais pu découvrir si j'avais continué à m'entraîner comme je le faisais auparavant. La vie continue, on rebondit et on essaye de performer dans d'autres domaines. |
9. Aujourd'hui, vous êtes toujours dans le « milieu », qu'aimez-vous dans votre "nouvelle vie"?
Aujourd'hui, je suis passé de l'autre côté de la force enfin du bassin (rires). Je suis, depuis cette année, arbitre fédéral stagiaire. J'essaye de confirmer ce statut et ce n'est pas chose simple ! Chaque joueur de waterpolo devrait siffler un match pour comprendre que notre sport est basé énormément sur l'interprétation de l'arbitre et de ce qu'il voit en composant avec le vice, inintelligence des joueurs…
10. L'arbitrage est un monde totalement différent, qu'est-ce qui vous plait ?
On est là pour contrôler le match, veiller au bon déroulement du jeu et assurer l'intégrité physique des joueurs. Il faut rester cohérent tout au long de la partie et concentré, c'est une autre façon de vivre le match. Nous aussi on se remet en question : on reçoit des formations, des critiques constructives, des évaluations de délégués fédéraux envoyés par la FFN.
9. Aujourd'hui, vous êtes toujours dans le « milieu », qu'aimez-vous dans votre "nouvelle vie"?
Aujourd'hui, je suis passé de l'autre côté de la force enfin du bassin (rires). Je suis, depuis cette année, arbitre fédéral stagiaire. J'essaye de confirmer ce statut et ce n'est pas chose simple ! Chaque joueur de waterpolo devrait siffler un match pour comprendre que notre sport est basé énormément sur l'interprétation de l'arbitre et de ce qu'il voit en composant avec le vice, inintelligence des joueurs…
10. L'arbitrage est un monde totalement différent, qu'est-ce qui vous plait ?
On est là pour contrôler le match, veiller au bon déroulement du jeu et assurer l'intégrité physique des joueurs. Il faut rester cohérent tout au long de la partie et concentré, c'est une autre façon de vivre le match. Nous aussi on se remet en question : on reçoit des formations, des critiques constructives, des évaluations de délégués fédéraux envoyés par la FFN.
J'ai eu énormément de mal à me dire que j'allais être écarté du monde sportif et du waterpolo
11. Vous avez participé aux sélections jeunes en équipe de France ? J'en retiens qu'il faut être très fort tant mentalement que physiquement, être capable d'encaisser une charge d'entraînement importante tout en ayant des exigences techniques très pointues. 12. Votre carrière vous a-t-elle aidée à vous reconstruire ? Une journée typique correspond à un lever le matin, le petit-déjeuner tous ensemble avec une heure de rendez-vous qu'il ne faut pas rater, une séance de musculation, puis à l'eau. Manger le midi, sieste, et on recommence une séance de musculation, puis dans l'eau, encore. Ah ! et puis au dodo (rires) ! J'ai eu énormément de mal à me dire que j'allais être écarté du monde sportif et du water-polo en particulier pendant un certain temps. Je pense qu'en effet, de par mon passé, ce que j'ai vécu m'a aidé à avancer dans la vie et à me faire une raison. J'ai quand même réussi à avoir une revanche personnelle sur la vie et ma maladie en me prouvant que j'étais capable de revenir à mon meilleur niveau. 13. Aimeriez-vous ajouter quelque chose ? J'aimerai remercier toutes les personnes qui m'ont fait évoluer, avancer dans ce sport et dans la vie. Que ce soient mes différents entraîneurs dont Marc Amardeilh ou les personnes qui l'accompagnent aujourd'hui dans l'arbitrage. J'espère que le water-polo a de beaux jours devant lui et qu'un jour il jouera les grands rôles en France. Une bise à tous mes anciens coéquipiers, adversaires, qui sont encore aujourd'hui dans les bassins. Prenez soin de vous et faites vous plaisir. |
Par Hugo Bâcle
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